Billet Iphae

L’audace une question d’âge ?

Kentucky, 1950. Harland David Sanders, plus connu sous le nom de « Colonel Sanders » est ruiné : son hôtel-restaurant a perdu plus de la moitié de sa valeur à cause de la construction d’une autoroute. La revente ne lui permet même pas de rembourser ses dettes. H.D Sanders est un homme abattu : après une vie entière de travail, son allocation se monte à 105 $ par mois. Sa recette de poulet frit avait pourtant fait le succès de son restaurant. Prenant son courage à deux mains, il décide de sillonner l’Amérique à bord de sa Ford 1946 à la recherche de franchisés. La légende raconte qu’il a dû démarcher plus d’un millier de restaurants avant de trouver son premier partenaire. Mais sa persévérance se révéle gagnante : en 1960, sa recette est au menu de 400 restaurants. La success story KFC est née… En 1963, Kentucky Fried Chicken engrange 300 000 $ de profits par an. Avec son allure bonhomme et son costume de gentleman du sud, le Colonel est devenu une icône de l’Amérique entreprenante et fière.

Phnom Penh, 1995. Tout juste retraité, Christian des Pallières part au Cambodge avec sa femme Marie-France pour aider une association humanitaire à remettre sur pied l’enseignement scolaire. « Un jour d’octobre 1995, nous avons vu des enfants manger dans les ordures de la décharge de Stung Meanchey, à Phnom-Penh. C’était à hurler. Il n’était pas possible après avoir vu cela, de continuer à vivre normalement. Il fallait faire quelque chose ! » Dans une odeur insoutenable, ces gamins, pieds nus au milieu des immondices, trient les déchets pour les revendre quelques riels et permettre à leur famille de survivre. Christian et Marie-France décident alors de les nourrir : ils commencent avec une vingtaine d’entre eux dès le printemps 1996. Vingt ans plus tard, leur association Pour un Sourire d’Enfant abrite, nourrit et scolarise près de 7000 enfants chaque jour, propose et enseigne 28 métiers après le lycée. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui ont retrouvé leur dignité. Christian et Marie-France recevront la citoyenneté cambodgienne des mains de la reine-mère Monineath, et le prix des Droits de l’Homme en 2000.

À quel âge nos entrepreneurs commencent-ils leur aventure ? 61 ans pour Christian, 66 ans pour Harland. Ce qui ne manque pas de nous éclairer sur la véritable nature de l’initiative.

D’abord, ce sont des histoires vraies. Et exemplaires. Vous arrive-t-il de vous sentir dégoûtés et impuissants devant le déferlement quotidien de mauvaises nouvelles ? La pression professionnelle ne vous donne-t-elle pas parfois le sentiment de masquer l’essentiel de votre vie ? Les héros de ces deux histoires nous rappellent que nous pouvons toujours agir davantage et moins subir, même si la perle que chacun porte en soi n’a pas l’éclat de ces histoires exceptionnelles. « Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire » dit Théodore Monod.

Qu’est-ce qui déclenche l’initiative ? Souvent une situation inacceptable. Une allocation ridicule après une vie entière de travail ? Inacceptable. Des enfants cherchant à se nourrir sur une montagne d’immondices ? Inacceptable. Harland Sanders, Christian et Marie-France des Pallières n’ont pas pu faire autrement que réagir avec toute leur énergie.

Le point commun ? Un désir fort, de l’audace, une énergie indomptable. Ils y croient. Le contraste est grand entre ces histoires et la situation de nombre de professionnels désengagés en France (60 % en 2012 selon Gallup… ) Ils vivent en effet un entre-deux professionnel, ni tout à fait motivant ni tout à fait déprimant : ils sont souvent obligés de privilégier la sécurité au détriment de l’accomplissement… Pour eux, l’audace ne consisterait pas nécessairement à changer d’activité professionnelle -ce n’est pas toujours possible-, mais plutôt à revoir leur rapport à leur activité professionnelle. Cela suppose de passer par un véritable travail sur soi. Quel qu’en soit le risque, arrive un moment où l’on ne peut pas faire autrement, où l’initiative se montre impérieuse, vitale : elle exige d’écouter une part essentielle de soi-même. Elle exige l’audace !

“L’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions.” Marcel Proust

“Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie.” Goethe

“Le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin.” Jean Cocteau

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